mercredi 11 décembre 2013

7% des enfants adoptés sont finalement renvoyés (Le Figaro)

Dans 100% cachemire, en salles ce mercredi, Valérie Lemercier joue une Parisienne qui adopte un enfant et regrette bien vite son geste, tant le garçon est difficile. Le scénario s’inspire d’un fait divers américain bien réel : en 2010, un couple, excédé, avait renvoyé dans son pays un petit Russe quelques mois après l’avoir adopté. Le pédopsychiatre Pierre Lévy-Soussan (1) confirme que ces drames n’arrivent pas qu’au cinéma. Selon lui, les échecs d’adoption sont encore trop nombreux.  
Le Figaro.fr/madame. – Chaque année, des enfants seraient renvoyés par leurs parents adoptifs à l’Aide sociale à l’enfance. Combien sont-ils environ ?Pierre Lévy-Soussan. – C’est très difficile à quantifier. Ils représenteraient entre 5 et 7 % des enfants adoptés. C’est énorme. Malheureusement, tous les parents peuvent abandonner un enfant, qu’il soit adopté ou non. Mais dans le cas de l’adoption, ces personnes ont été suivies, évaluées, alors cela ne devrait pas arriver. Il y a aussi de nombreux échecs de construction filiative. Il arrive que le lien avec les parents adoptifs ne prenne pas. Ces enfants, je les appelle des « sans domicile filiatif ». C’est difficilement chiffrable, mais c’est plus fréquent.
Les agréments sont-ils distribués trop facilement, après des contrôles insuffisants ?L’agrément en France n’est pas assez sélectif. Il y a de grandes disparités entre les départements. Ce sont les présidents des conseils généraux qui ont la décision finale. Dans beaucoup d’endroits, c’est le droit à l’enfant qui prime, et non le droit de l’enfant. À Paris, on constate seulement 2 % de refus. Or, un agrément qui est fait correctement prépare bien les parents à la suite.
9910Valérie Lemercier et son fils adoptif dans "100 % cachemire".
Les parents ne sont pas assez soutenus
Comment éviter ces échecs ?Il faudrait non seulement une volonté politique forte autour de l’agrément, mais aussi augmenter les moyens d’aide et de suivi des familles. Les candidats à l’adoption doivent prendre conscience de leurs limites psychiques par rapport à leur projet. Les parents ne sont pas assez soutenus pour effectuer ce travail préalable. Certains me donnent l’impression de se préparer à gravir une montagne en sandales. L’adoption ne doit pas consister à sauver un enfant, ni à permettre de réparer un couple qui va mal,  mais à bâtir une famille. C’est un projet qui se construit.
(1) Auteur de Destins de l'adoption (Ed. Fayard)

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