mardi 23 juin 2015

Instagram...

N'hésitez pas à nous suivre sur Instagram.. Sous le nom de fur.tivement.
Photographe, Instagram me convient désormais plus, que le blog même si je continue à l'alimenter de temps en temps.. À bientôt..

mardi 16 juin 2015

Livre sur l'adoption

Le livre Instantanés traitant de l'adoption est désormais au prix de 25 euros, livré chez vous.
Les frais de port sont gratuits.
1000 ont déjà été vendus ce qui est déjà énorme, mais il en reste 500.. n'hésitez pas, puisque les fonds sont reversés a AEC, association qui aide les orphelins du Cambodge, pays d'ou vient mon fils Clovis.


lundi 8 juin 2015

Un très bel article sur l'adoption...Comment élever un enfant adopté ? Amour, patience, compréhension : des notions-clés

Par 
Adopter, c’est choisir. Etymologiquement, c’est même "choisir de préférence". L’adoption suppose dès lors chez l’enfant recueilli à la fois l’idée d’avoir été l’objet d’un choix, qu’il lui faudra au moins partiellement assumer, et celle d’avoir fait l’objet d’une préférence qu’il devra continuellement confirmer.

Or, quand les bases sur lesquelles se fonde le développement sont chancelantes, l’estime de soi, plus instable, ne permet pas toujours de se sentir continuellement à la hauteur de ce choix et invite plus souvent à s’envisager comme décevant. Voilà pourquoi la construction d’un enfant adopté est parfois plus délicate, souvent plus difficile que celle d’un enfant biologique.

L’angoisse d’être abandonné est naturellement plus forte

Les entraves normales qui grèvent le processus éducatif sont ainsi parfois interprétées par lui comme des marques de rejet, des indices de déception ou des indicateurs de regret. La moindre réprimande, la plus petite perception d’une injustice, tout peut, s’il est envisagé en fonction d’un schéma d’interprétation négatif, déclencher un séisme.

Chez les enfants adoptés, les difficultés éducatives, même les plus normales, risquent davantage d’entrer dans une grille d’interprétation à la fois systématique et automatique qui, en servant de caisse de résonance à leurs questions identitaires, fait écho à leurs traumatismes affectifs. C’est ce que l’on appelle en psychologie cognitive, un modèle du monde.

Or, la compréhension de ce modèle du monde que s’est forgé l’enfant adopté et la prise en compte des questions identitaires que suppose le côté obscur ou flou de ses origines, ne s’imposent pas comme des évidences. C’est pourtant ce modèle du monde complexe et ambigu qu’il importe de maîtriser pour comprendre pourquoi ces enfants ont tendance à manifester davantage de troubles comportementaux, ou de difficultés éducatives en famille ou à l’école que les autres.

C’est en outre la nécessité de remanier ce modèle du monde pour faire face aux épreuves de la vie qui explique aussi, que, comme le souligne Y.H. Haesevoets dans une autre étude*, les personnes adoptées tendent à consulter plus souvent pour des problèmes psychologiques que d’autres personnes une fois devenues adultes.

Chez l’enfant recueilli, l’angoisse d’être abandonné est naturellement plus forte que chez l’enfant qui est amené à grandir là où il est né.

Seuls 53% des enfants adoptés seront bacheliers

Quand on a vécu une ou plusieurs ruptures précoces, comme cela peut être le cas par exemple chez les enfants carencés relationnels, il est somme toute normal de développer un pattern d’attachement "insecure", anxieux ou ambivalent qui provoquera de la méfiance par rapport à tout ce qui, de près ou de loin, ressemble à de l’affection.

Cette forme peu assurée d’attachement amènera ainsi parfois l’enfant, qui anticipe la crainte d’être abandonné, à agir de façon à, paradoxalement, provoquer l’abandon qu’il craint par-dessus-tout en se montrant à l’occasion difficile voire insupportable.

Ces troubles de l’investissement peuvent par ailleurs également – comme le suggère l’étude qui indique que seuls 53% des enfants adoptés seront bacheliers contre 90% dans la population contrôle – parasiter la sphère scolaire quand l’anxiété face aux apprentissages et aux tâtonnements qu’il suppose inévitablement amplifie chez l’enfant la crainte de décevoir voire de ne plus être aimé en cas d’échec.   

C’est tout cela qui explique, que, comme l’a merveilleusement montré Pialat dans son superbe film, "L’enfance nue" – un film qui devrait, selon moi, être regardé par chaque éducateur et chaque parent confronté à la difficulté d’éduquer un enfant –, pour épanouir un enfant dont le passé de souffrance agit comme une ombre portée, l’amour ne suffit pas toujours.
Pour guérir un enfant qui a été trop douloureusement blessé dans sa vie antérieure, il faut sans doute aussi qu’à l’affection authentique se surajoute une énorme dose de compréhension et un maximum de patience.

La compréhension et la patience : les maîtres mots

De la compréhension parce qu’il faut concevoir pourquoi ce n’est pas si simple d’aimer quand l’affection vous a, un jour, été brutalement retirée ou qu’elle vous a été, depuis toujours, violemment refusée.

De la patience parce que l’attachement n’est pas instantané (cette fausse croyance provient de l’époque où les parents adoptifs venaient chercher les enfants dans les orphelinats et étaient convaincus que le premier enfant qui leur tendrait les bras serait celui qu’ils devaient adopter) mais résulte au contraire d’un processus lent qui de l’enfant téflon (celui qui n’adhère pas) à l’enfant velcro (celui qui "colle" trop) ne se constitue pas toujours comme un long fleuve tranquille mais admet au contraire tous les soubresauts.  

Quand l’amour qui la nourrit s’enrichit de ces deux ingrédients – la compréhension et la patience – l’adoption, même si elle n’est jamais un jeu d’enfant, devient alors cette merveilleuse aventure affective au sein de laquelle un enfant s’appuie sur deux adultes qui l’ont choisi pour grandir le mieux possible et s’épanouir en dépit de ce qu’il a vécu.